Michael Baxandall a fait valoir que tout le monde traite les informations visuelles dans le cerveau d’une manière différente, en utilisant une combinaison de compétences innées et de compétences basées sur l’expérience, qui sont souvent déterminées par la culture. Il a suggéré que les facteurs culturels influencent les caractéristiques visuelles qui apparaissent comme " attrayantes" à un moment donné. [1]
L"’œil d’époque" examine comment les artistes et leurs œuvres fonctionnaient dans leur contexte social, commercial et religieux d’origine, comme une forme « ... d’analyse anthropologique de la culture visuelle d’une société »; [2] ce concept « ... met l’accent sur la construction culturelle de la vision... [3] L' analyste devrait alors tenter de reconstruire l’équipement mental et visuel utilisé sur les œuvres d’art dans un lieu et une époque particuliers et « ... les actes sociaux et les pratiques culturelles qui façonnent l’attention portée à la forme visuelle au sein d’une culture donnée. [4]" WikiP.
"Les orateurs, c’est le nom que se donnaient ceux que nous appelons les humanistes et dont Baxandall étudie la doctrine esthétique, contemporaine de la naissance de la grande peinture florentine du xvie siècle. À dessein de restituer le latin dans sa pureté, ils adoptent une esthétique intégralement marquée par un projet qui porte sur le langage. D’où l’essai d’appliquer aux tableaux des catégories grammaticales ou rhétoriques, comme le prouve la notion de compositio inventée par Alberti, qui permet de traiter un tableau comme une période : une phrase composée de parties ordonnées et hiérarchisées à des fins de beauté oratoire.
Michael Baxandall donne à voir les œuvres de la Renaissance d’un regard neuf : celui des intellectuels qui en ont forgé l’esthétique."
"Histoire sociale et histoire de l'art ne font qu'un : c'est ce qu'après tant d'études qui ne se sont intéressées qu'à la signification propre de l'oeuvre d'art, ou à sa signification purement sociale, illustre admirablement Michael Baxandall (1933-2008), historien anglais, sur l'exemple de la peinture italienne de la Renaissance. À quelle demande exacte répondaient Masaccio, Filippo Lippi, Andrea del Castagno ou Fra Angelico ? De quel sens leurs oeuvres étaient-elles chargées, et comment les regardaient leurs destinataires et leurs commanditaires ? C'est à ce type de questions que répond l'auteur en analysant le marché de l'art, à travers les contrats, les correspondances et les registres de comptes. En montrant aussi comment les dispositions visuelles nées de la vie quotidienne, religieuse, sociale ou commerciale de l'époque sont devenues des éléments déterminants du style du peintre. Retrouver l'oeil du Quattrocento, c'est rafraîchir le nôtre."
"Le quattrocento, c'est ce moment charnière où les dorures du Moyen Âge cèdent la place à l'habileté des peintres. Des quasi-icônes du XIIIe siècle au sfumato de Léonard, en passant par les développements de la perspective.
Pour nous aider à tenter d'approcher la façon de voir de ces artistes et de leurs contemporains, l'auteur suit un plan allant du plus trivial au plus technique, en passant par une esquisse du contexte culturel.
Le plus trivial vient de l'étude des contrats passés entre les peintres et leurs commanditaires. Parce qu'on ne peint que sur commande et que le résultat attendu est très précisément défini par le payeur, qui s'entoure d'experts pour rédiger le contrat et en suivre l'exécution. Et que décrit-on ? Des choses extrêmement prosaïques, mais qui déterminent les contraintes dans le cadre desquelles les artistes vont ensuite s'exprimer. Ce qui conditionne aussi les objectifs de leurs oeuvres, puisque le principal est de plaire au commanditaire pour voir d'autres commandes affluer.
L' analyse du contexte culturel porte surtout sur les aspects relatifs à la perspective, dans un monde où les destinataires des oeuvres ont des facultés mathématiques naturelles bien supérieures (ou en tous cas plus présentes) aux nôtres. Il traite aussi ( plus brièvement) du substrat religieux et des nombreuses significations iconographiques sous-jacentes. On y apprend ainsi la raison (probable) de la neutralité des traits des visages chez de nombreux artistes de l'époque.
Le plus technique, là encore un peu court mais probablement ici faute de sources encore disponibles, concerne les premières critiques d'art, leurs concepts et vocabulaire. Comment étaient perçues et exprimées les différences entre, par exemple, Filipo Lippi et Fra Angelico. " Babelio
"Nous parlons sans cesse des peintures, nous leur consacrons des livres, des préfaces, des comptes rendus. Tout cela pour les mettre en perspective, les expliquer, pour dire leur intérêt, déchiffrer leur signification. L'ouvrage de Michael Baxandall prend au sérieux ces activités qui ont une parenté aujourd'hui lointaine mais pas complètement interrompue avec l'ekphrasis de la Renaissance. C'est une analyse épistémologique des conditions de notre compréhension et de notre aperception des œuvres. En ce sens, ce livre a quelque chose d'un grand ouvrage théorique - quelque chose d'une critique de la vision pure. Il s'agit, pour Baxandall, de comprendre comment nous interprétons les formes d'une œuvre d'art par rapport aux intentions qui nous paraissent avoir présidé à sa production. Comment se fait-il qu'une œuvre soit comme elle est et comme, pensons-nous, elle a été voulue par son auteur ? Le titre "Formes de l'intention" doit recevoir ici toute sa force : c'est une structure qui seule permet d'appréhender des intentions. C'est une structure encore qui seule permet aux intentions d'exister. Nous ne comprenons rien à ce qui échappe à une structure de déterminations conceptuelles et nous ne créons rien, non plus, en dehors de telles structures."
"Si les ombres font partie de notre expérience visuelle et s'il arrive que nous y prêtions attention, leur rôle dans notre connaissance du monde, et singulièrement en peinture, reste mystérieux. Après les premières incursions de Léonard de Vinci, c'est au XVIIe siècle, avec Locke et le " problème de Molyneux ", puis au XVIIIe siècle, avec Berkeley et les théoriciens français des Lumières, que revient le mérite d'avoir posé en des termes nouveaux la question de la perception en s'efforçant de mieux cerner la part de l'ombre dans la construction de notre vision.
Michael Baxandall, poursuivant une réflexion engagée de longue date sur l'attention visuelle, confronte les œuvres et les réflexions d'artistes comme Largillierre, Oudry et Chardin aux théories d'hommes de science comme Bouguer, Forney ou Lambert.
Puisant dans les recherches les plus récentes sur la perception et mobilisant, notamment, les apports des sciences cognitives et de l'infographie, il propose aussi une lecture nouvelle d'œuvres classiques (Giotto, Masaccio) et montre tout le parti qu'on peut tirer de cette investigation dans l'analyse du Jeune Dessinateur de Chardin, dont la peinture de l'ombre est à la fois le médium et le thème.
Esthétique, pratique artistique et théorie de la connaissance convergent ici avec la science optique pour explorer d'une façon originale une composante de la perception visuelle familière à l'historien de l'art, mais, curieusement, encore fort peu étudiée."
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