jeudi 15 août 2019









Jean-Michel Utard, « Annick DubiedLes dits et les scènes du fait divers », Questions de communication, 6 | 2004, 358-360.

" ( ...)le fait divers entretient un rapport ambigu au réel événementiel ; qu’il n’est pas donné dans la réalité, mais est le résultat d’une construction narrative médiatique (même s’il contient un « capital prémédiatique »). La configuration temporelle est à la fois directement liée à l’actualité et en léger décalage, en particulier dans les reprises et les extensions du récit dans le temps. Les personnages sont en même temps des personnes identifiées et des figures stéréotypées. Bref, l’imaginaire journalistique de neutralité laisse place à une intervention énonciative qui prend en charge l’information, l’inscrit dans une culture partagée et exploite, par le texte et par l’image, le potentiel de fiction que libère le décalage entre le monde et le récit. Ce qui explique la proposition de l’auteure de parler de genre médiatique à propos du fait divers, dans la mesure où son positionnement entre actualité, histoire et fiction autorise son glissement hors de l’espace strict de l’information journalistique."



" (... ) même si un texte constitue par ressemblance un genre avec un autre texte, ensemble ils se définissent en opposition à d’autres textes qui relèvent d’un autre genre à l’intérieur d’un même type de discours. Sans faire système, les genres journalistiques se définissent par exclusion réciproque. Et cet ensemble générique est le fruit d’une histoire, celle de la pratique discursive du journalisme, jamais achevée, où les genres naissent, se transforment, meurent comme mode de régulation des conditions dans lesquelles s’exerce cette activité de production symbolique : les stratégies des entreprises de presse, les choix éditoriaux des rédactions, les effets de la concurrence, les attentes des lecteurs et même d’une société, les règles déontologiques et les imaginaires professionnels, etc. C’est pourquoi rejeter l’interdisciplinarité dans un au-delà de l’analyse de discours, comme vérification des hypothèses d’effets de sens qu’elle aurait produites, paraît peu satisfaisant. Le genre est une dimension essentielle de différenciation des discours et se construit dans une pratique discursive qui est elle-même une pratique sociale et non un après de la production et un avant de la réception.ors de l’espace strict de l’information journalistique."

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