lundi 4 février 2013

L’ interprète (1)


De la représentation comme interprétation

Objet : comme pas mal d’auteurs, mais plus que certains, J P Manchette ( consciemment ou inconsciemment ) fait plus que représenter : il interprète certains aspects du monde / réel  du/des lecteurs, donc le mien, le tien – le nôtre…

Rappel : pour beaucoup de structuralistes, le texte est «  un monde en soi », auto-suffisant, «  coupé » parce que  déformant/mensonger, du monde réel ( d’où l’hypothèse d’un « métatexte fait de tous les textes, avec ses territoires et ses banlieues , domaines parallèles voire antagonistes , comme par exemple la paralittérature et ses « sous » genres, le polar et autres,…)
Dans cette tradition , le texte nous ment sur le monde, pire l’ occulte : le texte fait écran à une perception critique, l’histoire ns séduit, les personnages ns subjuguent ( l’épouvantable identification ! ) et nous voilà mené en bateau sur les méandres, pleins de piranhas, de l’ imaginaire…

Selon une autre doxa, le texte est « œuvre ouverte », susceptible de toute/ n’ importe quelle lecture : le lecteur est souverain ( vox populi ), à chacun son sens ( comme à chacun son avis, son opinion, ses pulsions «  au-delà du bien et du mal »…)
Mais l’instinct est grégaire, le sens unique , la lecture de masse … le « moi »  s’installe ds/sur le texte ; stimulé, excité par lui, j’en perds tout autant le sens du réel, cette saloperie qui résiste à mes rêveries, aux illusions romanesques, qui m’oblige à respirer de l’ air impur, à boire, manger , ch… tant d’ opérations peu littéraires, au bout du conte…

Peut-être alors faudrait-il, dans la foulée de Ricoeur, Eco, Deleuze, considérer que les œuvres, littéraires, picturales, musicales,… traitent du réel, en parlent ; mais d’un réel déjà perçu, reformulé par l’ "auteur ", qui « complique » encore les « choses » en incluant un « narrateur- personnage » qui découpe davantage les portions/ parts de réel…
D’ où une glose sans fin sur le caractère « fiable », « vraisemblable », « authentique »… d’une œuvre, au mieux lue comme représentation, au pire comme document /reflet  du réel, en tout ou en partie…

Pour « dépasser » ces commentaires, formulons l’hypothèse que certains auteurs ( faute de mieux) INTERPRETENT leur portion de réel ( plus « part du diable » qu’« œuvre de Dieu  »), socio-historiquement déterminée.

Et peut-être certains auteurs de polar en sont-ils davantage conscients, leur pers , surtout ds le roman noir, récit par excellence de la DESILLUSION, étant d’abord des interprétants : face à une énigme, au double-jeu des indices, au(x) présumé(s) coupable (s), aux pseudo-témoins,… le flic/ privé DOIT décoder, réinterpréter, supputer, …en quête d’une solution, d’un dénouement, souvent partiel…
Foncièrement, un auteur de polar est jusqu’au cou dans l’interprétation…
Franck Bv))

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