vendredi 15 février 2013
Interprétation et communication
A. La communication linguistique ne se réduit pas à un simple schéma...
1) Les mots sont pour la plupart porteurs de dénotations mais aussi de connotations, qui interfèrent dans la "simple" compréhension du message;
2) Les phrases ne peuvent être réduites à la simple addition des mots; tout comme le "tout est plus que les parties", la phrase, dans sa totalité/complexité, en dit plus que la succession des mots...
B. A la suite de Benveniste, il faut réaffirmer que:
- «La nature essentielle de la langue, qui commande toutes les fonctions qu’elle peut assumer, est sa nature signifiante. (...) Mais qu’est-ce que signifier ?» Pour répondre, il faut d’abord s’enquérir des «éléments qui se partagent ce caractère signifiant», à savoir les «segments de langue» que sont les signes.
Mais puisqu’existent des signes de toutes sortes, naturels, graphiques, sonores, gestuels, etc., la linguistique ne peut pas se désindexer de la «science des signes», la sémiologie. C’est pourquoi Benveniste s’intéresse d’abord aux fondateurs de l’une et de l’autre, Ferdinand de Saussure et Charles Sanders Peirce, et procède à une lecture critique de leurs théories, en en soulignant les limites.
Mais il est un autre écueil : la langue «non seulement est faite de signes», mais est «productrice de signes», au sens où «le système qui la compose engendre lui-même de nouveaux systèmes dont la langue est l’interprétant». Ou plutôt: le système qui la compose est utilisé - par qui? ds quelle(s) intention(s), ds quel(s) contexte(s) - pour engendrer de nouveaux (mini) systèmes, dont la langue ( plutôt les usages des locuteurs) est (sont) l’interprétant ...
Dès lors les sources de la «signifiance» deviennent multiples, sinon inextricables.
On en est donc réduit à distinguer deux aspects du langage, celui dans lequel le langage apparaît comme a) un ensemble d’énoncés et celui de b) la production d’énoncés réalisée par l’acte discursif que chaque locuteur accomplit au moment où il parle. Il faut donc adjoindre à la linguistique classique, qui a pour objet le texte même de l’énoncé, une «linguistique de l’énonciation», capable de définir le cadre formel d’«engendrement» du sens, et exigeant donc davantage qu’une analyse des éléments linguistiques (phonèmes, monèmes, mots…) ou des règles (phonétiques, morphologiques, syntaxiques) : la prise en compte de l’acte individuel d’énonciation, l’Autre auquel dialogiquement il s’adresse (individu, groupe, institution…), la référence à un réel (physique, sociétal, politique…).
Ainsi s’effectue, comme l’a écrit Roland Barthes, l’«inscription de la personne dans le langage» - sinon le rapprochement avec d’autres «philosophies du dialogue», telles que celles de Martin Buber ou Levinas. Mais sans doute doit-on retenir que les études de l’interlocution, des systèmes et des procès de signification menées par Emile Benveniste - jusqu’aux Dernières leçons - dépassent la linguistique et la sémiologie pour se présenter comme acheminement vers une science de la société et de la culture. C’est pourquoi elles sont devenues le legs commun de toutes les sciences humaines. «Bien avant de servir à communiquer, la langue sert à vivre», disait-il.( Auteur cité: Robert Maggiori, Libération du 26/04/12)
C. L'interpénétration de ces dimensions du langage doitt amener tout qui "se paye de mots" à se confronter à la démarche ( loin d'être tot. mise à plat) de l'interprétation , des conditions de sa mise en oeuvre, du "comment" la mener sans en dépasser les "limites" (Umberto Eco)...
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