Les trois Mimesis formulées par Ricœur (1983).
Tout récit s’enracine dans une première mise en forme de l’action, celle des histoires ou des fragments d’histoires de la vie quotidienne. Le récit prend son origine dans le monde de la vie qui est déjà chargé d’évaluations éthiques puisqu’il s’agit presque toujours d’amour ou de violence de générosité ou de lâcheté (Mimesis I).
Au niveau de la Mimesis II, c’est-à-dire de la mise en intrigue proprement dite, la dimension éthique apparaît clairement. La tragédie – enseigne Aristote – a pour sujet les tribulations d’un homme « semblable à nous » qui passe du bonheur au malheur et qui est malheureux sans le mériter. En élargissant de la tragédie à d’autres genres littéraires, on pourrait dire que pour que des histoires valent la peine d’être racontées, il faut qu’il arrive des histoires aux personnages. Mais ces histoires ne sont pas seulement des problèmes à résoudre, ce sont également des épreuves. C’est donc de l’intérieur de l’œuvre qu’est ménagé un espace d’identification dans lequel le spectateur de la tragédie éprouvera de la crainte et de la pitié pour ce qui n’arrive pas seulement qu’aux autres.
C’est pourquoi, du côté de Mimesis III, de la reconfiguration de l’œuvre dans la réception, lire une histoire ce sera porter des évaluations éthiques. Certes il ne s’agit pas encore de jugements moraux. La lecture peut bien se situer au-delà ou en deçà du bien et du mal. Évaluation éthique veut dire ici que la littérature constitue pour le lecteur un « laboratoire » où lui sont présentés des possibles de vie. Un récit n’est pas seulement reçu comme un jeu intellectuel, mais comme l’évocation d’une expérience de vie qui interpelle et l’auteur et le lecteur...
A suivre!!
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