/ Loin du syndrome du sauveur,/ (...) « la personne qui se jette à l’eau n’a pas songé qu’elle pouvait y perdre la vie. C’est toute la beauté du geste, la part héroïque présente en chacun de nous : la pulsion d’aide et d’empathie a pris le dessus sur la peur ».
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Marlène Duretz
« (...) Dans tout sacrifice, et quelle qu’en soit la nature ou les motivations, il y a toujours la notion de donner quelque chose », explique Gene Ricaud-François. Ce qui diffère est ce qu’on attend, ou pas, en retour. « Cet acte peut aboutir à de la frustration parce qu’il a été fait pour rendre l’autre redevable. C’est exiger de lui un retour qu’il n’est pas nécessairement prêt à faire » ou qui ne devrait pas appeler compensation. « Faire de gros sacrifices pour quelqu’un – lui sacrifier sa vie par exemple –, c’est prendre le risque de s’entendre dire : “Mais je ne t’ai rien demandé !” ». D’ailleurs, mettre son entourage familial, affectif ou professionnel « trop en dette à votre égard, n’est ni juste ni généreux »,relève la psychologue.
Mais le « retour » escompté peut aussi consister à être en total accord avec soi, ses croyances et son éthique. « On est heureux de donner, ne serait-ce que pour le plaisir qu’on lit dans le regard de l’autre. Lorsqu’on fait plaisir, cela nourrit. Une bonne action offre forcément un retour positif… ne serait-ce que ce que vous pensez de vous-même. »
Un acte plus ou moins noble
« Il y a beaucoup de noblesse et de générosité lorsque la personne consent réellement à ce qu’elle fait, et qu’elle le fait pour une cause supérieure », considère Gene Ricaud-François. Toutefois, tempère-t-elle, « quand on manque d’équilibre et d’assurance, on peut être tenté de s’inscrire dans une posture de “sauveur” : les uns virent au chantage affectif, les autres y gagnent un certain équilibre ».
Il est aussi des sacrifices sans lendemain. « Lorsqu’un individu périt en sauvant un inconnu de la noyade, par exemple, c’est de l’ordre du sacrifice certes, mais cela part d’un réflexe, celui de sauver son semblable. Cette personne n’est pas dans la recherche de renom ou de quelque retour, c’est un réflexe humain que de porter secours », poursuit la psychologue. Loin du syndrome du sauveur, « la personne qui se jette à l’eau n’a pas songé qu’elle pouvait y perdre la vie. C’est toute la beauté du geste, la part héroïque présente en chacun de nous : la pulsion d’aide et d’empathie a pris le dessus sur la peur »."
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