Ca, j'aurais aimé l'avoir écrit
"03/11/2011
les Yeux de la momie ("Le dernier coquelicot") (!!!)
(...) Un type qui se balade avec l’autobiographie de Minnelli sous le bras, et qui préfère les femmes filmées par Cassavetes à celles filmées par Woody Allen, emporte très vite notre affection. Mais s’agit-il vraiment de critiques?? Manchette s’écarte des mensonges et des bavardages récurrents des journalistes et la préface d’Alain Carbonnier propose même de situer la cinéphilie comme l’anti journalisme en exercice. Non pas que le cinéphile ne puisse pas faire un travail d’analyse, mais avec Manchette, l’écriture se fait «à chaud», au plus près de l’émotion de la séance, entre coups de gueule, hurlements de joie ou silences qui en disent paradoxalement long.
Ainsi, Manchette voit et revoit tous les films qui se présentent. Les films remarquables sont «des trucs à voir dare dare».
D’autres sont jugés «emmerdants», d’autres encore juste «honorables». L’enthousiasme d’un bouleversement, l’aversion pour certaines images restent dans le domaine de la proximité d’un vécu et non de la distance d’un critère (contrairement à notre époque où les textes sur le cinéma encombrent le rayon philosophie et délaissent le coin des films??). Manchette fait part de tout ce qu’il croise. Il prévient ces lecteurs de ce qui va se passer au niveau cinématographique dans la semaine, agenda «souvent vite fait parce que j’ai pas la pèche».
Ces survols improvisés brassent livres, films nouveaux, reprises et rediffusions, toujours dans ce qui refonde le désir plutôt que le partage d’un avis. A la lecture de tant de profusion, nous sommes étourdi de tant d’images vues.
Les remarques de Manchette ont la prouesse de prendre en écharpe même les navets, les pornos tout en évoquant un peu plus loin, la mémoire d’un chef opérateur d’un film de Sternberg, dans un contrepoint plein de saveur.
L’exercice n’est pas si léger qu’il n’y parait. La culture de l’auteur est précise, jamais pompeuse. Elle instaure «un corps cinéma», parcourant différentes époques et de très nombreux supports, vertigineux de rapports.
Ainsi quand la note ne bifurque plus vers une parenthèse, quand elle reste au plus près de ce qui résiste, on peut penser que l’émotion a dû être immense pour en rester un moment là.
Prenons un exemple, parmi tant, de ce qui ne serait pas vu sans lui: «tous les Cassavetes movies déconnent à la fin, comme un môme que l’on envoie se coucher et qui n’en a pas envie». A l’encontre d’un«quotidien néovague d’un cinéma moderniste», Cassavetes fait surgir «des êtres et de ce quotidien ce qu’ils ont d’extraordinaire, d’excessif et d’abhérrant». Manchette est très attentif à ce quotidien, non plus laissé à lui-même, réduit à une essence mais pris dans une relation. La problématique des rapports entre «humains» renouvelle son approche. «L’obscur d’une réalité» se juge à ce que cette réalité implique des personnages et des auteurs de films."
To'ratt... Putain, certains sont tudjûment doués... Bv)
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