samedi 30 août 2025

 

Scudder story : "Grue'



Dans l’enchaînement des postures du Taï Chi, le colonel Péket s’est arrêté sur l’ envol de la grue. Bras écartés à hauteur des épaules, dos légèrement voûté, une jambe pliée en angle droit, puis sur elle-même, le colonel songe. En ce temps-là, l’harmonie nous était promise. Elle était notre dû. Aujourd’hui, un chaos huileux s’étend en nappes de plus en plus larges, l’envol seul semble garantir du marasme... Mais le colonel sait que cela ne serait qu’un saut. Que le retour immédiat sur le sol aurait tout de la chute, voire de la "rechute", comme disent les AA... L’envol ne pourrait être que spirituel, teinté d’enfance... Le colonel se promit de relire "Fort Navajo"  dès demain. Et certaines pages de Malaparte...


lundi 18 août 2025

 

"Tout change pour que rien ne change" ? Et d' abord, " Statu quo ante bellum" ...

"Mad men", remarquable série Pro-capitalisme sauce démocrate, raconte longuement comment des mecs blancs ne pensent qu' à se remplir les poches ET se vider les kouy' ...

Tout ça, dans un univers décoratif très "classe", reconstitué, au montant de f'nêtre près et à "l'air du temps" ( de '61 à '70, pour l' essentiel) bien repassé, avec " Mon Jardin , ma Maison" -New York tendance(s) ...

Le traitement des femmes, à peu d' choses près, là encore ( ah ! ce sens du "grain d' sel...), donne la nausée ...

A (re)voir " à p'tites doses", donc ...


dimanche 10 août 2025

 

hy I love Betty Draper from Mad Men

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Absurdly complicated yet utterly plausible, Betty Draper inspires breathless devotion in me for her rebellion against her philandering husband

The pre-emptive, knowing chatter on series two of AMC's extraordinary Mad Men confused me. This time, said anyone who knew anything about high-end, thoughtful, exquisitely styled and elegantly scripted American dramas, it's All About the Women. I thought this was odd. As far as I was concerned, it had only ever been about the women. But tant mieux, I reasoned, bring it on. More exposure to these staggering creations could only be good for my soul.

The gals of Mad Men are fabulous, without exception. They are the anti-Mistresses. They are nuanced and contradictory, surprising and bad. They are at least a little bit mental, and they are never anything less than inspirationally well dressed. Or half-cut, for that matter. But I only worship at the shrine of one of them. (Anything else would be exhausting, no?) I love office manager Joan Holloway, of course. I loved her from episode one, series one. I love her skin and her sardonic smoking style and her instinctive scheming. She is pure sex in a scarlet woollen day dress; and she is the least vulnerable of all the characters, which makes her something of a relief in the grand scheme of their myriad miseries.

But this far into series two, it's Betty Draper – Betsy, Bets! – who's inspiring all the breathless devotion in me. It's Betty D whom I worship. Partly, sure, it's because of the way she looks. It is her glacial, Kennedy-woman-standard gorgeousness, it's the flick in her eye liner and the gloss on her hair. Plus, her costumes are stellar. I dream of doing equestrian chic as well as Bets; I cannot pretend I haven't channelled the jodhpurs and cream-crew-neck combo, because I have.

lundi 4 août 2025

 

Quelques auteurs recommandés par J P Manchette :


"Polars: Mortelle randonnée de Marc Behm; Le clou de la saison de John Crosby; On tue aussi les anges de Kenneth Jupp; Le soleil qui s'éteint de Robin Cook; Huit millions de morts en sursis de Lawrence Block. Et il me faudrait bien sûr une place supplémentaire pour James Ellroy et de préférence son Dahlia noir. 
Autres: Commentaires sur la société du spectacle de Guy Debord; Tchernobyl, anatomie d'un nuage (anonyme); Un peu d'air frais de George Orwell; Du terrorisme et de l'Etat de Gianfranco Sanguinetti (avec la postface de la traductrice de l'édition hollandaise); Minima moralia de Theodor W. Adorno.
+  Robert B. Parker, Marie & Joseph, Lawrence Block, Syreigeol, etc.
Quant à "l'art industriel", l'expression est évidemment empruntée à Flaubert (en particulier L'Education sentimentale) et, selon le contexte, je l'utilise de manières un peu diverses pour désigner premièrement; l' industrie du divertissement, en soi; deuxièmement; la même en tant qu'elle s'est fondue dans le melting-pot de la culture-marchandise et s'y est  mélangée avec les beaux-arts du passé et les arts populaires du passé, le résultat d'ensemble méritant d'être appelé "culture" tout court depuis qu'un Malraux a créé des maisons pour cela.; troisièmement; la même en tant que certains individus talentueux et furieux ont choisi de la pratiquer d'une manière contestataire et antisociale (exemples: Dashiell Hammett auteur de polars, George Orwell auteur de romans sociaux et de romans d'anticipation scientifique, Philip K. Dick auteur de spéculative fiction: cette manière de déborder l'ennemi par une aile est comparable au superbe mouvement de la cavalerie de Condé à Rocroi, et mérite autant d'éloges, et plutôt plus). Le choix que j'ai fait de pratiquer l'art industriel, i.e. de publier dans l'industrie du divertissement, découle normalement d'une conviction (l'histoire de l'Art est finie) et d'une espérance (ne pourrait-on répéter la hardie manoeuvre de Hammett, Orwell, Dick, et porter la contestation dans les banlieues de l'esprit?). Outre que ma propre manoeuvre a été bancale car mes travaux étaient tout à fait récupérables par la culture (au sens de Jack Lang), mes espérances trop passives étaient liées à un "pronostic favorable" quant au développement de la révolution sociale après 1968"

 

"Le cinéma est naturellement un art de l’action qui enregistre mécaniquement le mouvement des corps et les inscrit dans un cadre fictionnel. Le genre du film d’action se constitue en présentant une action excessive selon une esthétique spectaculaire. Les genres du cinéma classique (western, burlesque, film musical, film de guerre…) sont tous à leur manière des films d’action. Ils sont tributaires du mode de l’action qui est une façon propre au cinéma de raconter des histoires par le mouvement. 

De façon plus singulière, le film d’action devient à partir des années soixante/quatre-vingt un genre à part entière qui propose un dépassement excessif et ludique des anciens genres spectaculaires. Ce cinéma de la performance physique et technologique s’est imposé comme le moteur de l’industrie hollywoodienne du blockbuster. Après avoir défini le genre du film d’action, nous analyserons sa double nature, entre l’art conceptuel et la fiction populaire. 

Les structures narratives stylisées du cinéma d’action contemporain donnent naissance à des images faiblement figuratives, héritières de l’art hyperréaliste et proches de certaines pratiques expérimentales. Mais le film d’action est aussi un fortement incarné, met en valeur des corps musclés et des destructions massives, dans un contexte référentiel marqué. 

La mise en scène du spectaculaire contemporain équilibre ces deux tendances, entre abstraction et figuration, et aboutit à l’immersion physique du spectateur. Celui-ci est invité à prendre part à l’action, sans bien sûr quitter son siège. Pour ce faire, il doit renoncer à sa rationalité discursive et laisser son intuition percevoir l’enchainement dynamique des images."

Sylvain Angiboust. "Le cinéma d'action américain contemporain : Une abstraction figurative."



 

Sans doute les meilleurs résumés jamais écrits, grande finesse dans l'analyse des films hollywoodiens, mais refus du cinéma moderne.

A lire absolument notament pour : Le cabinet du docteur CaligariVertigo Les enchaînésCitizen Kane , La soif du mal , Tous en scène , Chantons sous la pluieLa rivière rouge , Rio Bravo l'aventure de Mme Muir , EveLa comtesse aux pieds nus , Voyage à Tokyo ... 



dimanche 3 août 2025

 

Hier, revu en partie " Prince of the City" de Lumet ...

En partie, car j' étouffais ( quasi littéralement) au spectacle d' une mécanique qui broie ...

Le spectacle d' une institution qui pousse un de ses membres au bord du gouffre ...

En l' incitant à " en faire un peu plus", à " oser un peu plus" ...

Et au fil du film, tous les "protecteurs-serviteurs" de la Loi se débinent, laissant Danny seul au milieu du champ de mines où son désir de " bien faire" l' a mené ...





" Encore trop souvent considéré comme un habile faiseur de « fictions de gauche », Sidney LUMET est pourtant l’auteur d’une œuvre très originale et abondante, que l’on ne cesse de redécouvrir avec un intérêt croissant depuis la sortie de son dernier film, 7h58 ce samedi-là (2007), lequel avait alors marqué le retour en grâce du cinéaste sur les écrans, après une période d’inactivité longue de sept années.

Décédé le 09 avril 2011, peu après la ressortie en salles de plusieurs de ses grands films des années 70 (Serpico, 1973 ; Un après-midi de chien, 1975 ; Network, 1976) et de quelques chef-d’œuvres oubliés (The Offence, 1972 ; A bout de course, 1988), Sidney Lumet aura signé 44 longs métrages réalisés sur plus d’un demi-siècle de carrière, lesquels composent une filmographie aussi dense que finalement méconnue, qui invite aujourd’hui au réexamen autant qu’à la réévaluation.

Cinéaste « de studio » au double sens du terme (il tourne pour les major companies et demeure l’un des maîtres du huis-clos depuis son premier film, Douze hommes en colère, 1957), Lumet est un insider qui n’a pourtant jamais cessé d’aller « dans le sens de la marge », que l’on considère ses protagonistes ou les choix d’écriture très audacieux qu’il est parvenu à imposer, y compris dans les cadres a priori les plus rigides. Particulièrement conscient de son statut au sein du système, Lumet l’aborde sans détours et de façon très pragmatique, par le truchement de la question du style notamment, à laquelle il consacre d’ailleurs un chapitre entier du livre qu’il écrit en 1995 et intitule sobrement « Faire des films » (« Making Movies »).

Si l’on a parfois reproché à Sidney Lumet d’être « trop difficile à reconnaître », c’est précisément en vertu de cette haute exigence qu’il place en son art, laquelle considère la manière non comme primat mais comme expérience unique, recherche perpétuelle et appropriation distinctive d’une matière, d’un sujet, d’un contenu choisi, élu. Le style, en somme, ce n’est pas l’homme, c’est le cinéaste au travail, dont la capacité d’expression ne saurait se confondre avec la simple volonté de revendication. " Eclipses.






vendredi 1 août 2025

 

Convoi de femmesWestward the Women

William A. Wellman
États-Unis / 1951

Avec Robert Taylor, Denise Darcel, Hope Emerson, John McIntire.

En manque d'épouses, une colonie attend un convoi de femmes ayant choisi leur futur mari sur photographie. Sur une histoire de Capra, Wellman rend hommage à l'abnégation et au courage des pionnières, le temps d'une aventure épique – et féministe pour l'époque – à travers le Far West. Au cœur d'une nature hostile, Robert Taylor, antipathique, puis profondément humain, accompagne ces survivantes engagées dans un récit initiatique collectif, un spectacle épuré, impeccable mélange de comédie et de gravité.




L'Étrange IncidentThe Ox-Bow Incident
William A. Wellman
États-Unis / 1943 / 75 min / 35mm / VOSTF
D'après le roman L'Étrange incident de Walter Van Tilburg Clark.

Avec Henry Fonda, Dana Andrews, Mary Beth Hughes, Anthony Quinn.

Une bande de cow-boys et de fermiers de l'Ouest américain décide de former un groupe d'autodéfense pour venger la mort d'un des leurs. Wellman signe un drame moral intense sur la responsabilité individuelle, un huis clos qui brille par sa sécheresse et son absence de compromis. Dans la lignée de Furie et de Douze hommes en colèreL'Étrange Incident – nommé à l'Oscar du meilleur film en 1943 – convoque rumeurs et passions collectives pour interroger la notion de justice. Une déconstruction du mythe de l'Ouest, à la mise en scène épurée. 


William A. Wellman

Du 27 août au 15 octobre 2025

La légende veut qu'il ait été pilote dans la Légion étrangère durant la Première Guerre mondiale. Une expérience qu'il sublime une fois à Hollywood, signant de nombreux films de guerre et d'aviation (sa passion), dont l'extraordinaire Les Ailes, lauréat de la première cérémonie des Oscars en 1927. Aussi à l'aise dans le western (Convoi de femmesBuffalo Bill) qu'avec le film noir (L'Ennemi public), Wellman est un pur exemple du cinéaste de studio, qui alterne films de commande et projets personnels aux forts accents sociaux (L'Étrange IncidentLes Mendiants de la vie). La rétrospective sera l'occasion de revoir ses plus grands succès (Une étoile est née), ainsi que de nombreuses raretés de sa période muette. 





The Right Stuff

Philip Kaufman
États-Unis / 1982 / 193 min
D'après le roman L'Étoffe des héros de Tom Wolfe.

Avec Sam Shepard, Dennis Quaid, Barbara Hershey, Ed Harris, Scott Glenn.

La conquête du ciel par les pilotes américains, entre 1947 et 1957, du franchissement du mur du son jusqu'au programme spatial Mercury. Pensé à rebours des obsessions individualistes de l'époque, L'Étoffe des héros mêle avec brio grande et petite Histoire, s'attardant autant sur la camaraderie virile des astronautes que sur la sororité poignante de leurs compagnes, tout en dressant un portrait nuancé du camp soviétique. Un chef-d'œuvre, trempé dans un alliage inoxydable de naturalisme et de grande forme hollywoodienne. 


Les trois vies de Philip Kaufman

Sa carrière s'est construite entre risque et conviction, loin des carcans de l'industrie hollywoodienne, dans un refus profond de toute étiquette. Philip Kaufman aura successivement été un réalisateur farouchement indépendant, un auteur s'épanouissant au moment de ce que l'on a appelé le Nouvel Hollywood, un cinéaste, enfin, qui aura affirmé des obsessions particulièrement complexes et abstraites, « européennes », sans perdre de vue l'exigence de fascination qui constitue l'essence même du cinéma américain.

Après des études à l'université de Chicago, sa ville natale, il commence à travailler dans l'enseignement avant de partir à San Francisco, alors en pleine ébullition de la contre-culture. Il voyage, côtoie nombre d'artistes et d'intellectuels (Henry Miller, Anaïs Nin, Nelson Algren) et s'enthousiasme pour le cinéma produit en dehors du système hollywoodien. Ses deux premiers films, Goldstein (1962) – qui obtient le Prix de la jeune critique au Festival de Cannes – et Fearless Franck (1967), sont ainsi remarqués.

Mais c'est avec La Légende de Jesse James en 1972 que Kaufman commence tout à la fois une carrière commerciale et une relecture des genres cinématographiques hollywoodiens comme ce fut l'usage à une époque où Hollywood s'interrogeait sur son passé et ses mythes. Avec son troisième long métrage, Kaufman va, en effet, démystifier une légende de l'Ouest. Le célèbre bandit d'honneur, incarné par Robert Duvall, y apparaît comme une brute, tout autant objet d'un déroulement hasardeux des événements que victime de sa propre inconséquence, une inconséquence amorale et candide à la fois. The White Dawn, en 1974, revisite le film d'aventure avec un récit d'une odyssée polaire qui évite tous les clichés et évoque, à plusieurs reprises, la littérature d'un Jack London. Kaufman s'attaque, en 1978, à un remake du chef-d'œuvre de Don Siegel, L'Invasion des profanateurs de sépultures. Il replace l'argument de science-fiction du film au cœur d'une époque qui s'interroge férocement sur elle-même et où la question de l'identité individuelle sera subtilement et abondamment questionnée. La terreur est désormais davantage psychologique et intime que surnaturelle. Le film en devient un cauchemar théorique qui fascinera de nombreux spectateurs.

Les Seigneurs, en 1979, peut-être son chef-d'œuvre, est une œuvre teintée de mélancolie qui, en profitant de la mode des films contant la chronique de l'âge adolescent et ses épreuves initiatiques, dépeignait avec une certaine tristesse l'arrivée d'une époque nouvelle, une ère annonciatrice d'une libération dont la plupart des protagonistes, terrassés par toutes sortes de déterminismes (et là réside sans doute la sombre beauté du film), ne pourront pas profiter. « Régénérer le genre [la science-fiction] à l'ombre du réel », c'est ainsi que Charles Tesson dans les Cahiers du cinéma d'avril 1984 définissait le projet esthétique caché derrière L'Étoffe des héros. Le film est à une somptueuse vision actualisée du mythe de la Frontière, d'après l'ouvrage de Tom Wolfe, racontant les années de la conquête spatiale aux Etats-Unis, du dépassement du mur du son aux premiers pas de l'homme sur la Lune, épopée fordienne où la technologie est sans cesse confrontée à ses effets sur l'expérience humaine. Kaufman lui-même, en déclarant « L'Étoffe des héros est un retour aux débuts du western, il a été fait pour répondre à la question : « Qu'est-il arrivé au western ? » », avouait lui-même vouloir s'interroger sur les mythes américains et leur historicité. Les nouveaux enjeux technologiques et leur capacité à modifier les conventions des genres, seront encore, de façon plus légère, au cœur du thriller Soleil levant, adapté, en 1993, d'un roman de Michael Crichton.

Entre-temps, L'Insoutenable légèreté de l'être aura fait basculer, en 1988, le cinéma de Kaufman dans une nouvelle dimension, la troisième partie de sa carrière. Le film mêle avec une grande subtilité destins individuel et histoire collective, l'intime et le politique. Avec cette adaptation du roman de Milan Kundera, le cinéaste désigne aussi le nouvel objet de ses obsessions cinématographique, la littérature. Comment l'art se nourri-il de l'expérience humaine, de son intensité, particulièrement sexuelle ? C'est bien le sujet de Henry et June (1990), chronique de la liaison entre Henry Miller et Anaïs Nin dans le Paris du début des années 1930. C'est aussi celui de Quills, la plume et le sang, adapté de la pièce de Doug Wright en 2000, mettant en scène le marquis de Sade, enfermé dans l'asile de Charenton, défiant l'autorité tout en construisant, dans la contrainte la plus extrême, son œuvre littéraire. Son dernier film à ce jour, réalisé pour la chaine de télévision HBO relate la relation entre Ernest Hemingway et la correspondante de guerre Martha Gellhorn (Hemingway and Gellhorn) en 2012 et semble creuser exemplairement ce sillon.

Jean-François Rauger