vendredi 19 mars 2021

 

Le " savoir" se constitue et se transmet " à travers des "encyclopédies"; celles-ci , souvent " à l' insu de leur plein gré", mélangent " connaissances établies" et "opinions/ jugements d' autorités".

Le RECIT fonctionne comme, au moins en partie, "nouvelle encyclopédie", activant chez le destinataire, même involontaire, des comportements d' adéquation ( " C'est pas faux") ou de rejet ( " C'est faux!"), Acceptation ou rejet sont largement tributaires des " encyclopédies intégrées" par des individus ET des communautés ( ensemble d'individus partageant - volens, nolens- les mêmes savoirs)...

Le " percept" de " Racisé.e.s " peut être vu comme une catégorie de récits activant chez certains individus le " sentiment d'appartenance" à une communauté particulière ET " oubliée" ( " ostracisée" ?), en l' occurence, majoritairement," les Noir.e.s". 

Mais le concept déborde son " assiette de contenu" : pour être reconnus comme "racisés", les " jaunes" doivent-ils se dissoudre dans le Noir ? Et certains "blancs" ne sont-ils pas plus " noirs" ke certains Noirs ?


vendredi 5 mars 2021

 "Notre position ne consiste pas à négliger la lutte idéologique – sans quoi nous ne nous serions pas donné la peine de prendre la plume pour contrer Piketty. Elle consiste à restituer toute la densité des rapports sociaux qui, au-delà ou en deçà de leurs dimensions idéologiques, comprennent aussi une dimension matérielle (le mouvement aveugle et relativement incontrôlé des forces productives de la société et, à travers elles, des interactions entre les hommes et la nature), une dimension sociopolitique (les luttes entre classes, fractions de classe, blocs sociaux mais aussi entre sexes, entre générations, entre groupes ethno-raciaux) et une dimension institutionnelle (la condensation dans des appareils des rapports de pouvoir, des alliances, des éventuels équilibres de compromis sur lesquels débouchent ces luttes). Sans la prise en compte de ces autres dimensions, la lutte idéologique finit par devenir un théâtre d’ombres chinoises dont on ne comprend plus le drame qui se joue sur scène parce que l’on a détourné le regard de ce qui se passe en coulisses et sous les tréteaux.

Là, par contre, où il devient incohérent, c’est quand il défend des propositions de réduction des inégalités comme des propositions anticapitalistes

Piketty a dit aussi que selon lui les inégalités en soi ne posent pas de problèmes tant qu'elles sont justifiées (par le mérite et le travail notamment). Pourtant, selon vous, elles sont un des éléments importants du fonctionnement du capitalisme. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Piketty a fondé sa notoriété sur sa dénonciation des inégalités qui sévissent au sein des sociétés contemporaines. Or, dans Capital et idéologie, il ne cesse de répéter qu’il tient les inégalités sociales comme inévitables et que les seuls problèmes qui se posent sont ceux relatifs à leur niveau et à leur justification – ce qui donne l’exacte mesure de son combat contre l’inégalité sociale. 

Et il défend une telle position en ce qui concerne tant les sociétés précapitalistes que la société capitaliste elle-même. De fait, s’agissant de celle-ci, au regard de ce que nous avons dit de la nature du capital comme rapport social de production, il n’est que trop évident qu’il est structurellement et inévitablement inégalitaire, puisqu’il implique la domination et l’exploitation des travailleurs salariés par les capitalistes propriétaires des moyens de production. En cela au moins, Piketty est cohérent avec lui-même.

Là, par contre, où il devient incohérent, c’est quand il défend des propositions de réduction des inégalités (par l’intermédiaire de la participation des salariés au capital et à la direction des entreprises et de redistribution des revenus et des patrimoines via la fiscalité) comme des propositions anticapitalistes. En fait, elles ne mettraient nullement fin ni au capital comme rapport de production ni aux inégalités structurelles de revenus, de fortune, de pouvoir et de prestige qu’il engendre : tout au plus éviteraient-elles que ce soient toujours les mêmes qui en bénéficient ou qui, inversement, en soient victimes. En définitive, elles ne feraient qu’étendre des mesures et des dispositions déjà introduites par la social-démocratie à l’époque, désormais révolue de son apogée politique pendant les "trente glorieuses". Sans que cela n’ait en rien nui au pouvoir de la classe dominante, en lui permettant au contraire de renforcer son  l’hégémonie. Si bien que le moment venu, elle n’a eu aucune peine à se débarrasser de ses gérants et idéologues social-démocrates pour embaucher à leur place leurs rivaux néolibéraux."( Husson, ...)