(...) "On connaît la chansonnette. N’est pas écrivain qui veut. Le candidat à l’écriture du premier, du deuxième roman, n’a aucune chance a priori de réussir l’exploit. Mais allez raisonner ! Le futur écriveur, le pied tendre du Klondike littéraire, a beau savoir que la nature est une force énorme qui ceinture les ambitions de l’homme, il aura toujours envie de dérober le feu et de marcher sur les pépites.
Il y a de la fureur à écrire. De la rage à tenir le style. C’est dur, le style. C’est du remettez-moi ça sur la planche. Ça crève jusqu’au soir sous la lampe. N’empêche que la langue, tenez. Rien que le plaisir de la langue, voilà déjà un cap important vers lequel cingler ! Un pari avec l’exigence qui hausse le vagabond de l’esprit jusqu’à la lisière du dépassement de soi-même. Et puis, dites ! Attaque au mot ! La musique des phrases ! Le mystère du voyage sur le fleuve quadrillé ! Voilà qui n’a pas forcément un paisible goût de sucre !
Il faut de l’endurance pour tenir un roman. Se présenter chaque matin devant son établi. Traverser sans crainte des cavernes vides. Ne pas céder à ses quintes de cœur. Ne pas se décourager si la vie devient furtive sur la page à peine noircie de quelques pattes de mouche et d’un petit dessin d’impatience. Imaginer une histoire, les yeux défaillants de doute, c’est courir après des empreintes de pas qui s’évanouissent aux abords d’un horizon prématuré.
Pourtant, dites-moi qui n’a pas envie d’écrire des choses magnifiques ?"
Jean VAUTRIN.
To' ratt!
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