mardi 29 octobre 2013

Sans cesse sur le métier...


 J'y reviens, reprécise, tente de clarifier ces notions à mon sens "vitales", puisqu'elles permettent de saisir comment les récits ( certains plus que d' autres, prochains chantiers....) nous aident à vivre, au moins ns aident à éclairer le déroulement de notre/s vie/s...
Avec l'aide ici d'un site québequois qui tente de montrer l'apport de la réflexion de Ricoeur aussi ds l'élaboration d'une identité sociale et culturelle, affaire à suivre pour nous, Wallons...

 Conceptualisation de l’identité narrative par Paul Ricœur
Approche théorique et méthodologique de l’identité

"L’identité narrative" selon Paul Ricoeur – conceptualisée comme un outil de création de sens (Brunner, 1991, p. 6) – est l’identité personnelle qui est construite dans un « narratif du soi » (...) élaboré par la " personne"/ l'auteur.
C’est un processus, la mise-en-intrigue , appelée muthos par Aristote (Taïeb et al., 2005, p. 757) et que Paul Ricoeur décrit comme la composition verbale qui constitue un texte en récit, qui permet de réaliser cette démarche narrative. Chez Aristote, le muthos est une pratique (praxis), il s’agit de « l’assemblage […] des actions accomplies » (Ricoeur, 1986, p. 15). Il ne s’agit donc pas d’une structure, mais  (Ibid., p. 16).

Pour Paul Ricoeur, non seulement la mise-en-intrigue permet de donner du sens aux événements vécus, mais elle permet également d’appréhender le réel et de construire la réalité, grâce à l’acte d’interprétation que constitue la spirale herméneutique.
Afin de la conceptualiser, Paul Ricœur emprunte à Aristote le concept de mimésis, qui signifie une représentation créative de la réalité humaine (Piovano, 1986, p.282), mais aussi d’action, de vie (Ricœur, 1990, p. 186).
Paul Ricœur sépare la mimésis en trois moments distincts, ou trois étapes de l’acte d’interprétation:
- le premier moment, la mimésis I, ou (pré)figuration, correspond à la structure prénarrative de l’expérience humaine. Il s’agit de l’expérience vécue en tant que telle, que nous avons tendance à comprendre en tout premier lieu comme une « histoire non racontée » (Taïeb et al., 2005, p. 758).
- Ce moment est suivi par la mimésis II, ou configuration, c’est-à-dire la mise-en-intrigue proprement dite. Pour Paul Ricœur, celle-ci procure un caractère intelligible, qui permet de donner du sens aux événements vécus : « l’intrigue est l’ensemble des combinaisons par lesquelles des événements sont transformés en histoire ou – corrélativement – une histoire est tirée d’événements. L’intrigue est le médiateur entre l’événement et l’histoire » (Ricœur, 1986, p. 16). L’acte de configuration crée une distance entre l’auteur et son texte, de telle sorte qu’il peut le regarder comme un objet antérieur et extérieur à lui-même.
- La mimésis III est l’acte de refiguration, le moment où la narration permet non seulement de comprendre le vécu, mais aussi de construire le réel. Cela se fait grâce à la lecture active du texte, lorsque le texte est approprié par un lecteur, que ce dernier en soit l’auteur ou non, c’est-à-dire utilisé pour comprendre son propre vécu.
Ce lecteur détermine donc ce que veut dire ce texte pour lui. Il y a création de sens, ainsi que refiguration du réel, alors que ces nouvelles façons de comprendre le monde pour soi,  pourront ensuite être utilisées dans une autre préfiguration de l’expérience vécue (mimésis I).

La boucle est ainsi bouclée, la spirale est complète. Un acte d’interprétation en trois moments  permet aux individus de « refigurer » le réel en s’appropriant un texte qui, par sa création même, a permis de créer une distanciation productive qui permet à l’individu de porter un regard réflexif sur les événements de sa propre vie (!!!) (Ouf!!!).

Est ainsi créée l’identité narrative, l’identité qui doit passer par le récit de soi, vécu, écrit et lu (Ricœur, 1990, p. 193).
Ce processus de configuration et d’interprétation des narratifs met ainsi en jeu une dialectique de distanciation et d’appropriation, qui permet aux individus de créer du sens à partir d’une réalité vécue et de "savoir" ensuite comment agir dans les situations complexes de la société.
Des possibilités d’être sont déployées par le « monde du texte » (Ricœur, 1986, p. 111), issu de la distanciation créée par la configuration et objet de l’appropriation en vue de la refiguration du réel.
La création de l’identité narrative a donc une dimension pragmatique, elle est orientée vers l’action, vers le "vivre ensemble" ( pas slt) que constitue la société.


Ces concepts valent aussi ss doute pour le travail de l'historien : mise en intrigue des "faits épars" que livre le passé... faits "relus/refigurés" au temps présent!!!

To' ratt!!





dimanche 27 octobre 2013

Remettons-en une couche...

doc   2 : l'Identité Narrative
Suite de l'article d www.mediat-coaching.com  connexions@pratiquesnarratives.com



(...) "Sans le secours de la narration, le problème de l’identité personnelle est en effet voué à une antinomie sans solution : ou bien l’on pose un sujet identique à lui-même dans la diversité de ses états, ou bien l’on tient, à la suite de Hume et de Nietzsche, que ce sujet identique n’est qu’une illusion substantialiste […] Le dilemme disparaît si, à l’identité comprise au sens d’un même (idem), on substitue l’identité comprise au sens d’un soi-même (ipse) ; la différence entre idem et ipse n’est autre que la différence entre une identité substantielle ou formelle et l’identité narrative. […]
À la différence de l’identité abstraite du Même, l’identité narrative, constitutive de l’ipséité, peut inclure le changement, la mutabilité, dans la cohésion d’une vie. 

Le sujet apparaît alors constitué à la fois comme lecteur et comme scripteur de sa propre vie selon le vœu de Proust. Comme l’analyse littéraire de l’autobiographie le vérifie, l’histoire d’une vie ne cesse d’être refigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu’un sujet se raconte sur lui-même. Cette refiguration fait de la vie elle-même un tissu d’histoires racontées. […] L’identité narrative n’est pas une identité stable et sans faille ; de même qu’il est possible de composer plusieurs intrigues au sujet des mêmes incidents […] de même il est toujours possible de tramer sur sa propre vie des intrigues différentes, voire opposées. […] En ce sens, l’identité narrative ne cesse de se faire et de se défaire."    Paul Ricoeur, "Soi..."

>>>>>>      L’histoire façonne l’identité :
"De même qu’en littérature c’est l’intrigue qui détermine les péripéties du roman, c’est l’histoire de vie, le thème, qui façonne l’identité des gens et non l’identité qui façonnerait l’histoire. La croyance populaire voudrait que nous ayons une réalité intérieure – voire une vérité intérieure – qui serait délivrée à l’extérieur. En fait, c’est le discours que nous émettons qui fabrique la cohérence de notre histoire, et par là-même notre identité. Michael White avait coutume de dire : "A mon idée, c’est l’histoire de la vie des gens qui façonne leur vie. Ils fabriquent leur vie en conformité avec leur histoire".

La position du narrateur d’une vie en train de se vivre est réflexive, c’est-à-dire qu’il est à la fois auteur (scripteur, pour reprendre le terme de Paul Ricoeur) et lecteur (observateur constructeur du sens). Le narrateur, devenu dramaturge, crée son identité en « s’engageant dans une mise en scène de sens sous la conduite du texte ». (5)

Isabelle Laplante,   pratiquesnarratives.com

To' ratt!!

samedi 26 octobre 2013

Soi/s


(Trop) vite, quelques phrases sur la prolifération quasi épidémique des jugements à l'emporte-pièces, bien typiques de l' a-pensée "Twitter", qui tend vers la "cul-dur" du sniper : au plus brut/ brutal, "roms-gros sourcils", et va chier avec les concepts de complexité, de nuance, d'ambiguïté, de "pas si simple"... Tant qu' à dézinguer, allons-y à la sulfateuse...
Ah, cette néo-passion pour "Les tontons flingueurs": culte du mot d'auteur, moins bon que misanthrope, et caricature des stéréotypes  ( une des forces d'Audiard!!), comprise (?) auj' comme "modèle" de comportement... C'est si bon qd ça fait mal aux autres... Vannes à tout va et Baffie président
J'en reviens donc à Ricoeur...
Résumé des épisodes précédents: coiffé de sa poubelle, pépé Popaul a déjà ramené l'intrigue ds la théorie du récit ( en démontrant, par la multiplication de la Mimésis, l'importance non slt de la mise en écriture et son cortège de tropes (en stock) mais aussi du déploiement des actions sur une flèche narrative  : l'intrigue, elle-même construite, constituant not. "le monde du texte"...);
dans sa foulée de marathonien Hermès-nautique, il rappelle aux historiens "post-modernes" tout le bien que la réintégration du récit peut faire , non à la critique historique, mais à "la mise en discours" des résultats de cette critique, soit la dynamique du récit au service de la mise en perspective des faits, épars et partiels, auxquels l'historien se confronte... Une démarche philo fort proche de celle d'un Guinzburg, qui s'attache à montrer comment de multiples récits perçus comme "peu intéressants car populaires" permettent de comprendre/ interpréter des traces,  juridiques jusque là incompréhensibles, lors des procès de l'Inquisition not. ( voir Les batailles nocturnes, Champs Flammarion, sur les procès des "Benedetti" au XVIe..);
Le 3e apport à la "Théo rit du récy" , c est la remise en activité de la notion de "caractère" en parallèle à une réflexion sur la notion d'identité...
Ricoeur démontre avec astuce comment la notion de caractère reprend, ds la sociologie du quotidien, la somme des habitudes constitutives du comportement " attendu" d' une personne, permettant de la reconnaître comme de lui renvoyer des attitudes " peu orthodoxes", perçues comme "anormales" et typiques d'un soi "hors de lui" ( Soi comme un autre, Point-Seuil, 1990)...
Mais loin de vouloir enfermer chacun ds " son caractère", Ricoeur insiste sur la dimension historique de la constitution de ce caractère, à travers la mise en place/ sélection de ces habitudes, perçues comme des "réponses adaptées" (commodes?) à des situations de vie, parfois à la limite du vivable (in)justement...
Ainsi, Ricoeur affirme que le caractère a une histoire, et que la saisir, c' est percevoir quelque chose de l'identité narrative ( Op cit, p 147), aussi constitutive de "Soi" que l'identité "personnelle", reconnaissance de toutes ces similitudes qui ns confortent bien ds le sentiment d'avoir tjrs affaire à la MEME personne ("personna": le masque...)...
 Or-donc, toute la force du raisonnement est de montrer, sur ces acquis, comment la littérature, romanesque surtout, réaffirme cette dimension historique ( et sociale!) de la constitution de l'identité, au moins des personnages principaux; on peut dés lors réinvestir la notion de "caractère" ds l' interprétation des récits : " (...) ce que la [vie quotidienne] a contracté, le récit peut le redéployer" (Op cit, p 148)...Et permettre au lecteur de reprendre conscience de la dimension complexe de son SOI/ MOI/ JE ( biffer les mentions...);
Ce qui, ds la twittérisation généralisée, peut s' avérer salutaire...

To' ratt!