lundi 9 janvier 2012

Récit et interprétation (1)

Propositions pour une approche herméneutique du récit...

Thèse : tout récit véhicule une forme de connaissance à propos du réel, non pas sous la forme du «reflet» ( le fameux «miroir sur la route de Stendhal...), mais à travers une «représentation du réel» qui n’est plus celle de l’auteur, ni celle du lecteur, mais une «mimésis» figée ds le txt, et variable selon les normes de lecture (genre,...) en vigueur selon les époques...


Selon Ricoeur, il est souhaitable de dépasser l’approche structurale et narratologique du récit. Ces deux démarches privilégient une lecture du texte narratif comme ensemble clos; la seule dimension référentielle qui lui est alors reconnue est celle de la «fonction référentielle», selon le schéma  de la communication, et «l’effet de réel» défini par Barthes. Mais toutes ces approches font l’impasse sur la composante «mimésis» du récit, telle que développée par une tradition de la représentation du/par le texte, qui va d’Aristote à Auerbach, et qui est au moins partiellement reprise par Husserl ( phénoménologie), Bourdieu ( Habitus et Champ not.) et Eco (valeur sémiologique du texte/récit)...........

Paul Ricoeur tente, à l’aide de la tradition herméneutique, de faire une synthèse mais aussi un «dépassement épistémologique» dans le but de réinsérer certains aspects du réel ( le temps,...) dans le récit.
L’ autre enjeu proposé par Ricoeur est de voir si et dans quelle mesure le récit agit sur le réel, par l’intermédiaire du/ des lecteurs et/ou spectateurs not...



Vers une théorie de l’interprétation (herméneutique).

La démarche mentale d’interprétation constitue un important pôle de travail pour not. Paul Ricœur(1). Elle intervient dans l’interprétation des écritures ou des symptômes psychanalytiques. L'herméneutique se développe en passant notamment par une analyse du symbole, ce qui l'amène à une discussion avec la psychanalyse dans son essai sur Freud : De l'interprétation.

L'herméneutique s'efforce de reconstruire  le processus concret à travers lequel la mise en texte sert de médiation entre la préfiguration du champ pratique et sa refiguration grâce à la réception de l'œuvre.
Ainsi, l'étude de la métaphore  est un élément significatif du travail de Ricoeur. Dans La métaphore vive (1975), il  analyse la fonction poétique du texte sous l'angle linguistique, littéraire et philosophique.  La figure de style et plus précisément la métaphore est un procédé cognitif original  avec sa propre « valeur ». En effet, la fonction de transfiguration du réel que nous reconnaissons au texte littéraire implique que nous critiquions nos représentations conventionnelles (not. connotations) de la «vérité», c'est-à-dire que nous cessions de les limiter à la cohérence logique et à la vérification empirique, de façon à prendre en compte l'action transfigurante du récit ou du texte poétique…

Ainsi, Paul Ricoeur écrit : « La métaphore, c'est la capacité du texte poétique de produire un sens nouveau dans la confrontation de plusieurs niveaux de signification, pour produire une signification nouvelle.

Mais cette découverte de la fonction cognitive de la métaphore repose sur le dépassement du traitement habituel de la figure de style qui ne voit en elle qu’ un simple phénomène linguistique de « transport de sens ». Pour comprendre cela, il faut voir que la métaphore ne prend tout son sens que restituée dans le texte dans son ensemble  (>>> importance des champs lexicaux,...)..

N. B. : dans le cas du texte narratif, le récit  crée du sens nouveau par la composition d’ une « nouvelle » représentation du réel, par la configuration d'une temporalité racontée et la mise en scène par l’écriture de personnages significatifs voire d’ archétypes (2).

(1) Paul Ricœur  (1913 – 2005 ) est un philosophe français qui développa la phénoménologie (3) et l'herméneutique, en dialogue constant avec les sciences humaines et sociales. Il s'intéressa aussi à la théologie protestante. Son œuvre est axée autour des concepts de sens, de subjectivité et de fonction cognitive de la fiction et du texte, notamment dans la littérature et l'histoire.
(2) Archétype : concept crée par Carl Gustav Jung (1875 -1961, psychologie analytique) désignant, un symbole « universel » d'un concept ( Justice, Liberté,…)  ou d'une personne qui sert de modèle idéal à un groupe. Cette image, not.de l'homme idéal, qu'on se fait résulte de l'inconscient « collectif »,  L'inconscient collectif est un concept de la psychologie analytique qui s'attache à désigner les fonctionnements humains liés à l'imaginaire, qui sont communs ou partagés selon les époques et les lieux, et qui influencent les représentations individuelles et collectives….
(3) Phénoménologie : pour Edmund Husserl (1859 -  1938) , la phénoménologie prend pour point de départ l'expérience en tant qu'intuition sensible des phénomènes afin d'essayer d'en extraire les caractéristisques de ce dont on fait l'expérience, ce que l’on perçoit. C'est la « science » des phénomènes, c'est-à-dire la science des perceptions vécues par opposition aux objets du monde extérieur….